Quand
je ferme les yeux.
La
fic se situe juste entre la saison 6 et la saison 7, avant que Willow
ne quitte Sunnydale avec Giles
Note
de l'auteur : Après la mort de Buffy, Tara est à
mes yeux devenue la "mère" ou tout au moins la
figure parentale de Dawn, et paradoxalement, plus encore après
le retour de la tueuse. C'est cette relation si particulière
entre Tara et Dawn que je voulais retranscrir ici... Au départ
cette fic n'était centrée que sur Dawn. Puis je me
suis souvenue de la présence de Tara pour Buffy également,
à bien des reprises. Et bien sur, je ne pouvais faire l'impasse
sur les sentiments de Willow...
J'ai écouté 3 chansons tout en écrivant cette
fic. Si vous voulez avoir une idée de l'ambiance les voici
: Mad World, de Gary Jules pour la partie Buffy, Everybody Hurts,
de REM pour la partie Dawn et The Show Must Go On de Queen pour
la partie de Willow.
***
Buffy
La
maison me semble si vide... Pourtant, Alex, Anya, Dawn, WIllow,
tous sont là... tous sauf Tara. Je crois que je ne réalise
pas encore totalement sa disparition. J'ai vu bien des gens emportés
comme elle dans ces horribles sacs noirs. Mais ce n'est pas pour
ça qu'on s'y habitue, non. On ne peut pas s'habituer à
la Mort, même si elle est partie intégrante de notre
quotidien, qu'on la donne.
Qu'on la reçoit aussi quelque fois.
Je devrais être la personne sur Terre la mieux placée
pour comprendre que Tara ne va pas revenir, ne doit pas revenir.
Mais je ne peux m'empêcher de penser : pourquoi moi et pas
elle ? Je sais bien que la vie est un cadeau, qu'elle n'a rien à
voir avec une quelconque notion de mérite, malgré
tout je me dis que si une personne méritait bien de vivre
et d'être heureuse c'était elle. Elle méritait
la vie. Elle était la vie.
Une partie de moi ne s'en fait pas pour Tara. Je sais qu'elle est
dans ce havre de paix par où je suis moi-même passée.
Je sais qu'elle y est bien. J'aimerai pouvoir le dire à Willow
mais j'ai peur que ça ne fasse que lui rappeler que c'est
elle qui m'a chassée du paradis.
Je ne suis pas sûre lui en avoir jamais voulu. Je sais qu'à
une époque, si la situation avait été inversée,
si j'avais eu la possibilité de changer les choses, de ramener
quelqu'un à la vie... je n'aurai pas hésité.
J'aurais ramené Jenny, j'aurais ramené Kendra. Mais
pour Maman... c'est depuis la mort de maman que je comprends toutes
ces choses. Qu'à défaut de m'habituer à la
mort, j'ai appris à l'accepter.
Je sais que ce n'est pas une fin. Et que ce n'est pas non plus l'enfer.
J'aimerai tant le dire à Willow... Tara va bien.
C'est pour ceux qui restent que c'est douloureux. Aujourd'hui je
suis de ceux qui restent, et j'ai mal. Et je comprends mieux que
jamais que Willow m'ai ramenée. Elle avait trop mal. Comme
lorsqu'elle a tué Warren. Elle a tellement, tellement mal.
Je connais cette douleur, mais je ne peux prétendre savoir
ce qu'elle ressent. Parce que comme me l'avait dit Tara elle-même,
c'est chaque fois différent.
Tara... qui va panser les plaies de nos âmes maintenant qu'elle
n'est plus là ?
Quand je ferme les yeux, il arrive que son visage m'apparaisse.
Pas comme un souvenir, plutôt comme un message que Tara m'enverrait
pour me dire : je serais toujours là.
Elle était toujours là.
Toujours là pour chacun d'entre nous. J'ai l'impression que
ne m'en rends compte que maintenant qu'elle est partie. Mais non,
je l'ai toujours su.
Elle était là quand maman est morte. A coté
de moi à l'hôpital, essayant de me faire comprendre
qu'elle essaierait de partager ma peine si je le voulais. Pas de
grandes phrases, pas la grande phrase. "La vie continue..."
Juste quelques mots et son si extraordinaire regard.
Tara ne parlait pas beaucoup. Tara écoutait.
Elle était là après mon retour, lorsque je
me suis perdue. Elle était là pour m'aider à
comprendre ce que j'étais devenue, pour me dire que je n'étais
pas un monstre, que j'étais juste perdue. Elle m'a montré
le chemin.
Je me souviens qu'elle a été la première à
savoir pour Spike, parce que la première à m'écouter.
Parce que la seule à qui je pouvais parler sans crainte d'être
jugée.
Elle me manque. Elle nous manque à tous. Nous n'en parlons
pas mais parfois, il m'arrive de croiser le regard d'Alex ou même
d'Anya, et je vois que nous pensons à la même chose.
Tara.
Dawn ne dit rien non plus. Pourtant je sais qu'elle souffre, qu'elle
souffre énormément. Jamais je n'oublierai l'expression
de son visage lorsque je l'ai trouvée dans la chambre, à
coté de Tara. Jamais je n'oublierai ses mots.
"Je ne voulais pas la laisser seule."
Oh Dawn, je voudrais que tu me parles. Je voudrais que tu saches
que je suis là.
Je sais que quand je ne l'étais pas pour toi, Tara l'était...
Elle était toujours là.
Willow
Maintenant
je sais ce qu'a ressenti Buffy. Je sais ce que l'on ressent lorsque
l'on a été arrachée du paradis. Parce que c'est
ce qui m'arrive à moi aussi, Tara. Tu étais revenue,
et la Terre était redevenue mon paradis. Sans toi le monde
est tout noir, et moi, je ne suis qu'une petite fille perdue qui
a peur du noir.
Dire que j'ai infligée cette douleur à ma meilleure
amie...
J'ai infligée tant de douleur, à tant de gens...
Je voudrais pouvoir expliquer ce que j'ai fait, pouvoir m'expliquer...
je ne le peux pas. Je n'y arrive pas.
Quand tu es tombée... quand j'ai su que c'était fini...
Warren t'a enlevée à moi, m'a enlevée une partie
de moi, ma meilleure partie. Il m'a fait un tel trou dans le coeur,
et je ne pouvais pas le refermer, juste l'emplir avec de la rage.
Parce que tant que la rage m'aveuglait, je ne voyais plus la douleur.
Et je l'ai tué. J'ai tué... pour toi.
Ca m'est plus terrible encore. Comment ai-je pu ? Toi qui avait
tant de respect pour la vie, qui était la vie. Qui était
ma vie. On m'a enlevé ma vie. Pourquoi mon coeur ne s'arrête
t-il pas de battre ?
Peut-être pour me punir. M'empêcher de retrouver la
paix.
Je ne réalise même pas être encore en vie. Comment,
sans toi ? Je ne comprends pas ce coeur qui ne cesse de battre,
et chaque battement me fait plus mal encore que le précédent.
Je ne sais pas combien de temps je tiendrai ainsi. Parfois j'ai
si mal que je n'arrive plus à respirer, et j'ai l'impression
que je suis en train de mourir, et j'attends que cela arrive, j'attends
que la mort vienne me délivrer de la douleur. Elle ne vient
jamais. J'aimerai pourtant, et il ne se passe pas une journée
sans que j'y pense. Mourir pour être avec toi.
Je reste en vie. Pour toi. Parce que je sais que c'est ce que tu
veux. Mais c'est si dur, chaque jour, et le temps n'y fait rien.
Les nuits tombent, les étoiles apparaissent, la Terre continue
sa course autour du soleil, le temps lui, s'est arrêté
avec moi.
Alors j'ai le sentiment d'être une condamnée, et j'aimerai
être une condamnée à mort. Mais je suis une
condamnée à vivre, à vivre sans toi. Et chaque
jour de cette foutue vie me fait revivre ta mort.
"Ta chemise... Tu es tachée."
Ç'aurait du être moi.
Je le pense souvent ça aussi. Puis je me dit que je n'aurais
jamais voulu te voir confrontée à une telle douleur.
C'est un grand classique des histoires d'amour, donner sa vie pour
sauver celle qu'on aime. La vérité c'est qu'on ne
la sauve pas, on la condamne à vivre.
La vérité c'est que c'est bien celui qui meurt qui
est sauvé.
La vérité c'est que je t'en veux. Je suis en colère
parce que tu m'as laissée. C'est si stupide, et si injuste,
je le sais. Mais j'ai tellement, tellement mal... Dans ma tête
je hurle après toi, je te supplie de revenir, je tombe à
genoux, je pleure, et rien n'y fait, tu ne reviens pas. Alors je
te maudis de m'avoir abandonnée, et peut-être même
que pendant quelques instants, je te hais, toi que j'ai tant aimée
et que j'aimerai toujours.
Je pourrais te demander de me pardonner cette rage. Je ne le fais
pas. Je sais que tu me pardonne. Tu sais que c'est parce que je
t'aime que je peux te haïr. Je t'aime...
Je pleure sans cesse. Je tremble. Parfois l'image de Warren me revient
avec tant de précision et de violence que les crampes me
coupent en deux jusqu'à ce que je vomisse. Pleurer. Trembler.
Vomir. Je meurs. Chaque jour.
Puis vient la nuit. Je pensais que je ne retrouverai jamais le sommeil.
Mais mon corps et mon âme sont si épuisés que
je ne peux que dormir.
Et dans mes rêves, je te sauve. Quand je ferme les yeux, de
mille et une manières, je te sauve.
C'est pour ça que lorsque je me réveille, ton absence
m'est encore plus douloureuse. Un nouveau jour. Je meurs, encore.
J'attends la nuit. J'attends de pouvoir te sauver, quand je ferme
les yeux.
Tellement de force, tellement de pouvoir, et je n'ai pas pu te sauver.
Pardonne-moi. Moi je ne peux pas me pardonner, Tara.
Je ne me pardonnerai jamais.
Et je ne te pardonnerai jamais de m'avoir laissée.
Et je t'aimerai toujours.
Dawn
J'étais
si heureuse pourtant ce matin là... de vous voir toutes les
deux, toi et Willow. J'étais toujours heureuse de te voir.
Ce matin là je l'étais doublement, pour moi et pour
Willow. Willow... N'en veux pas à Willow s'il te plait.
Elle t'aime...
Et moi aussi.
Je me demande... Te l'ai-je jamais dit ? Oh, non, non jamais.
Je t'aime, pourquoi ne te l'ai-je jamais dit ? Pourquoi je ne t'ai
pas dit toutes ces choses que je pensais ?
Je pensais tellement de choses pourtant.
Il suffisait que tu sois là pour que je sois bien. Je me
sentais heureuse à tes cotés, je me disais que le
monde n'était pas un endroit si terrible puisqu'il abritait
des gens comme toi. Je me disais que vivre n'était peut-être
pas si dur.
Je fermais les yeux. J'étais en paix.
Maintenant...
Quand je ferme les yeux, je te revois étendue dans la chambre...
Chaque fois que je les rouvre je prie tous ce dieu auquel je ne
crois plus pour m'être éveillée d'un cauchemar.
Chaque fois j'ai envie de m'arracher le coeur en constatant que
ce n'est pas le cas.
Je voudrais oublier...
Je me remémore sans cesse ton visage, ton sourire, tes gestes
mais si je ferme les yeux, le temps d'un battement de coeur, l'image
qui revient c'est...
Je ne veux pas me souvenir de toi comme ça. Et je ne peux
l'empêcher quand je ferme les yeux. Ça sonne comme
une atroce plaisanterie. Comme si on cherchait à effacer
de ma mémoire ce que tu étais pour ne me laisser que
cette terrible image. Elle me hante. Tu me hantes...
Je voudrais oublier.
...
Oh Tara, je ne veux pas t'oublier, jamais. Je voudrais que juste
que cette image disparaisse. Que ne reste en ma mémoire que
toi.
Parce que n'était pas toi sur le sol. C'était un corps
si froid... Tes yeux... Même quand tu étais trop triste
pour sourire, tes yeux brillaient, emplis de bienveillance pour
tous ceux qui croisaient ton regard. Ce jour-là tes yeux
étaient vides. Et de savoir que plus personne ne pourrait
y puiser le réconfort, la quiétude, et toutes émotions
qui me traversaient chaque fois que tu étais avec moi...
Tes yeux vides... C'était la chose la plus triste du monde.
C'est toujours la chose la plus triste du monde.
J'aimais tes yeux Tara. Ils m'évoquaient toujours ceux de
maman. Maman... pourquoi sans cesse ce mot vient à moi quand
je pense à toi ? Maman...
Buffy essaye, encore aujourd'hui parfois, d'être ma maman.
Elle reste ma soeur. Je n'aurai pu rêver meilleure soeur.
Je sais que tu n'as jamais essayé de remplacer maman. Tu
t'es contentée d'être Tara. Je n'avais besoin de rien
d'autre. Pourquoi ne peux-tu pas revenir et être Tara à
nouveau ? La Tara dont les yeux brillent. Qui d'un geste, d'un mot,
me faisait savoir qu'elle veillerait toujours sur moi. Si douce,
et si forte pourtant. La Tara que j'aime et à qui je ne l'ai
jamais dit. Je t'aime. Si seulement mes mots pouvaient te parvenir,
si seulement je pouvais rattraper le temps perdu.
Si seulement je pouvais revenir en arrière.
Je ne peux qu'avancer. Laisser faire le temps, comme on dit, et
peut-être qu'avec ce temps ma colère disparaitra. Et
il ne me restera que la douleur. Laisser faire le temps...
J'essaye tu sais. Je crois que je vais te pleurer encore quelques
années, et t'en vouloir encore quelques autres. Quoi qu'il
arrive cependant, je ne t'oublierai pas. Aucun de nous ne t'oubliera,
aussi long soit le temps qu'on laissera faire. Et j'attendrai la
venue de ce jour où je pourrai à nouveau fermer les
yeux et revoir briller les tiens..
Jade.
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