La fic se déroule durant la saison 6 après les épisodes "Tabula Rasa" (6.08), "Entropy" (6.18) ou "Seeing Red/rouge passion" (6.19)

Sonnate (Sonata)


NOTE : Ca fait trois mois que je n'ai rien écrit, ce qui ne signifie pas que je n'avais pas une ou deux idées traînant dans ma tête pendant tout ce temps. Seulement, je n'avais rien à écrire. J'avais l'angoisse de la page blanche et pour être honnête, j'étais un peu inquiète. Bien sûr, ce n'est qu'une seule histoire. Je pourrais à nouveau me retrouver coincée. Aussi, j'ai pensé que je devais poster cette histoire, au cas où. Remerciements à Fiona, ma béta-lectrice pour cette aventure.


 

***


Gémissant dans son sommeil, elle tendit le bras, sa main cherchant instinctivement la chaleur du coeur de sa compagne.

Et alors qu'elle commençait à reprendre conscience, elle se figea en sentant sa main glisser sur les draps sans rencontrer le moindre obstacle.

Il y avait des raisons pour que cela arrive.

Une envie de boire un verre d'eau peut-être ?

Mais il y avait d'autres raisons.

Des raisons dont elle était elle-même la cause.

Celles-là la firent frissonner quand elle se les remémora.

Elle était convaincue que ses amis pensaient savoir ce qu'elle avait ressenti, mais ils ne le pouvaient pas.

C'était impossible.

Elle n'était pas sûre elle-même de la façon dont elle avait réussi à survivre...

Si c'est ainsi qu'on devait appeler ces jours et ces semaines sombres qu'elle avait passés à combattre seule sa dépendance.

Elle seule savait qu'elle ne faisait qu'agir machinalement.

Traversant le paysage qu'était son existence telle une somnambule.

Mais, ça avait changé.

Cela n'avait pas été facile.

Cela ne l'était jamais, surtout quand on habitait à Sunnydale.

Alors que ses yeux s'ouvraient, elle se rendait compte qu'il y avait quelque chose de... facile.

Plus facile que de respirer...

Après tout, raisonna-t-elle, la respiration peut être contrôlée, modifiée, forcée, stoppée.

Mais la seule chose dont elle était certaine était celle-ci :

L'aimer était facile.

Elle sourit en s'asseyant sur le lit.

'Elle n'est pas facile facile,' pensa-t-elle.

Elle resta assise sur le lit quelques minutes, avant de tourner sa tête vers la gauche.

Elle pensa entendre :

'De la musique ? A,' elle regarda le réveil. "Trois heures du matin ?" se demanda-t-elle à haute voix.

Ecartant les couvertures, Willow sortit du lit et, prenant sa robe de chambre au passage, s'aventura hors de la pièce.

Elle pouvait entendre les notes étouffées provenant du salon. Atteignant l'entrée, elle eut le souffle coupé.

Elle fixait, admirative, la pâle lueur de la lune traverser les fenêtres, caressant la peau sans défaut. Les épaules bougeaient légèrement, ponctuant certaines notes, et les mains, celles qui l'avaient portée si souvent au sommet de l'extase, glissaient avec grâce sur les touches.

Elles ne vivaient plus avec Buffy et le piano était un ajout récent.

Elle avait entendu ce morceau, la Sonate Au Clair De Lune, plus souvent qu'elle n'aurait pu compter, mais jamais elle n'avait été touchée par la simple grâce de voir l'autre moitié de son âme la jouer avec autant de passion. La beauté du moment la laissait interdite et le souffle coupé.

Elle regardait la tête de son amante plonger et se balancer au rythme de la musique.

Elle n'osa pas avancer d'un pas, soudain terrifiée à l'idée de briser l'enchantement qui la retenait captive. Elle savait que le morceau touchait à sa fin et elle ne voulait pas l'interrompre.

Une profonde tristesse remonta à la surface, comme le confirmaient les larmes qu'elle ne sentait pas couler sur son visage, et la passion qui l'avait portée à des sommets inconnus jusqu'alors.

"Ne pleure pas Willow," entendit-elle alors que la musique s'estompait.

"S'il te plait, n'arrête pas," répondit-elle, la voix chargée d'émotion.

A nouveau la mélodie envoûtante emplit la pièce.

"Viens t'asseoir à côté de moi."

Obligeant ses pieds à se détacher du sol, Willow avança sur le parquet froid.

"C'est si beau," murmura-t-elle. Elle ne pouvait s'empêcher d'avoir le souffle coupé en voyant un sourire éclairer le visage de son amante, de sa Tara.

"Pas aussi beau que toi," répondit Tara, sincère, se tournant pour contempler Willow, et se perdant dans les yeux verts qui reflétaient l'amour qu'elle ressentait.

"Tu étais partie," dit Willow en regardant les mains de Tara danser sur les touches.

"Seulement un court instant," répondit-elle en continuant à jouer. "Mais je reviendrai toujours, Willow."

La rousse leva la tête.

"Toujours ?"

Elles avaient déjà eu ce genre de conversation dans le passé. Et quoi qu'elles aient dit, chacune savait ce que l'autre voulait dire.

"Toujours."

Willow sourit alors que Tara apaisait à nouveau son âme meurtrie comme jamais personne d'autre ne le pourrait, ou ne le ferait.

"Allons dormir," dit Tara en terminant le morceau.

Prenant la main de Willow dans la sienne, elle s'éloigna du piano et traversa avec elle le salon pour retourner dans leur chambre.

Fermant la porte derrière elles, Tara conduisit Willow jusqu'au lit, libérant lentement la ceinture maintenant fermée la robe de chambre, son regard uniquement concentré sur le visage de Willow.

Dégageant la robe des épaules de Willow, Tara la posa au pied du lit. Elle regarda Willow se coucher, remontant les couvertures.

Incapable de résister à la supplique son coeur, Tara se pencha et effleura tendrement les lèvres de Willow avec les siennes. Elle sourit en voyant son visage se teindre de rouge.

Elle fit le tour du lit, sentant le regard de Willow suivre chacun de ses pas. Après avoir placé sa robe de chambre contre celle de Willow, Tara se glissa sous les draps.

"Ca va mieux ?" demanda-t-elle en s'approchant de Willow et en se plaçant dans le creux de son cou.

"Mmm... beaucoup mieux."

"Essaie de dormir un peu," murmura Tara en se relevant pour placer un baiser sur la joue de Willow. Elle glissa son bras autour de la taille de Willow et ferma les yeux."

"Je t'aime Tara," dit Willow en l'embrassant sur la tempe.

"Ne crois jamais que je ne t'aime pas, mon amour."

Willow soupira de bonheur.

Et alors que sa main caressait tendrement le bras de Tara, elle sourit car la chaleur qu'elle recherchait tout à l'heure, l'entourait maintenant.

Réchauffant les endroits les plus froids de son être.

Dissipant la peur de ne pas être assez bien pour Tara, elle s'abandonna lentement au sommeil avec le son de la Sonate Au Clair de Lune de Beethoven résonnant dans sa tête.

Et l'amour de Tara dans son coeur.

 

FIN

A.M. Glass

TRADUCTION ET ADAPTATION : Carlos Ferreira